Le Lévite d’Ephraïm est d’abord un récit de l’Ancien Testament qui clôt le « livre des Juges ». Il raconte l’histoire d’un lévite (un prêtre – donc issu de la tribu de Lévi) qui fut assailli par quelques membres d’une tribu d’Israël descendant d’un autre fils de Jacob, Benjamin. Pour échapper à un viol sur sa propre personne, ce lévite offrit sa concubine en échange ; les benjaminites abusèrent d’elle toute la nuit. Ramenant sa concubine chez lui, le lévite la découpa en douze morceaux pour les envoyer aux douze tribus d’Israël. En représailles celles-ci exterminèrent la tribu de Benjamin. Cette histoire atroce constitue la trame d’un poème en prose de Rousseau. Selon Bruno Bernardi, Rousseau a pu être frappé par la corruption de la bonté naturelle et l’irruption de la violence dans une société sans loi, « où il n’y avait point de roi » et où « chacun faisait ce qui lui semblait bon » (Juges, 21).